« Aucune société aborigène, qu’elle vive au Nord dans les régions arctiques ou au Sud en Nouvelle-Zélande, n’est étrangère à la pratique du tatouage. Celle-ci était en outre perpétuée aussi bien par les Juifs d’antan que par le premiers Britanniques. En Afrique, si certains autochtones se tatouent, beaucoup pratiquent plus couramment la scarification en frottant du sel sur des incisions pratiquées en plusieurs endroits du corps. Les habitants du Kondofan et du Darfour trouvent très séduisants les individus portant ces scarifications. Dans les pays arabes, la beauté n’atteint la perfection qu’une fois les joues ou les tempes tatouées »

Ce passage est extrait de l’ouvrage de Charles Darwin « La  descendance de l’homme et la sélection sexuelle » publié en 1871. Aujourd’hui il nous parait difficile d’imaginer à quel point la pratique du tatouage était répandue à cette époque. Il  n’existait en fait pas une tribu ni une peuplade dont les membres n’ornaient leur corps avec de la peinture, des tatouages ou des scarifications.

De nos jours les coutumes tribales relatives à l’art corporel permanent ne sont plus transmises aux nouvelles générations, par faute d’une répression historiquement exercée sur ces pratiques, mais on observe un intérêt nouveau pour la tatouage traditionnel qui renaît dans le monde moderne. Cependant dans quelques régions reculées de la planète - le Nord-Est de l’Inde, l’Amazonie, certaines régions d’Indonésie, l’Asie du Sud-Est et la Chine méridionale - les coutumes du tatouage continuent à se perpétuer de façon immuable. Les Bédouins et les Berbères au Moyen-Orient et les Peuls en Afrique perpétuent eux aussi leurs traditions d’art corporel. À en croire certaines légendes la coutume du tatouage se serait probablement implantée en divers lieux de la planète à travers des pratiques de saignées, des rituels de scarification, des traitements médicaux, ou tout simplement grâce au hasard. Les spécialistes mettent aujourd’hui en doute la croyance populaire selon laquelle le tatouage trouverait son origine en un seul lieu. Le tatouage se serait au contraire diffusé à partir de différentes régions par le biais de la migration et des peuples nomades.

Nous devons nos connaissances sur le tatouage en Europe grâce aux historiens grecs et romains de l’antiquité. Avant cela les découvertes archéologiques sont les seules sources d’inspiration dont nous disposons. Il est possible que des coutumes de tatouage aient existé avant les dernières grandes glaciations, soit 12 000 ans avant notre ère. Des coupes portant des traces de pigments rouges et noirs et des instruments pointus en silex furent mis au jour dans des cavernes au Portugal et en Scandinavie ainsi que dans la grotte des Fées à Châtelperron en France en 1867. Les formes et dimensions des outils suggéraient qu’ils auraient pu être utilisés pour des tatouages.

Source: Tatouage à travers le monde de Maarten Hesselt van Dinter

×