Le tatouage, un « bien de consommation » ordinaire ?

Il m’arrive parfois d’être contactée pour des partenariats, où l’organisateur (je précise qu’il ne s’agit pas là d’organisateurs de conventions de tatouage), me demande de participer à une opération de communication où je serais amenée dans un cadre de publicité à faire des offres  promotionnelles  sur le  tatouage, et où ma prestation serait couplée à l’image publicitaire de l’organisateur, tout cela dans le but de promouvoir l’activité de l’organisateur et la mienne.

J’ai toujours été très frileuse quant à ce genre d’opérations.

J’ai reçu encore reçu dernièrement une proposition de ce type, à laquelle j’ai répondu par le courrier suivant.

Je le reproduis ici car il me tient à cœur d’expliquer comment j’envisage mon métier et ma pratique.

Il va de soit que mon opinion n’est évidemment pas celle de tous les artistes tatoueurs, même si je pense que je ne suis de loin pas la seule à penser ainsi.

Voici donc ma réponse à cette offre:

Bonjour,

Je vous remercie de l’intérêt que vous portez à mon studio.

Cependant je ne suis pas intéressée par votre offre pour les raisons suivantes.

Je ne pense pas qu’un tatouage soit quelque chose qu’il faille brader, ce n’est pas comme une coupe de cheveux ou une séance de sport, ou le dernier gadget informatique sorti. 

La peau ne repousse pas et le tatouage est indélébile, il change le rapport au corps. Faire une baisse de prix pour attirer des clients est  à mon avis une mauvaise idée ( par ailleurs mes prix sont en temps normal tout à fait raisonnables. Je ne suis pas intéressée pour les diminuer, sachant le temps et l’implication que demande ce métier. Être payée à ma juste valeur c’est aussi me respecter et respecter le soin que je vais apporter à mon client et à l’œuvre ).

En outre, le tatouage est un acte symbolique, il marque le corps définitivement et participe à l’évolution psychologique et personnelle de l’être humain.

Se dire: « ah ouais cool, c’est pas cher, je vais me faire tatouer » est stupide.

Je fais beaucoup de recouvrements et je vois passer plein de gens qui se sont fait des tatouages « sur un coup de tête, sans trop réfléchir », qu’il faut ensuite essayer de rattraper ou recouvrir parce qu'ils ne correspondent finalement pas à la personnalité du porteur.

Le tatouage n’est pas un « bien de consommation » il ne se brade pas, n’a pas à faire l’objet de « promotions ».

Un artiste tatoueur peut légitimement chercher à faire connaître son travail, mais l’acte du tatouage doit rester symbolique, réfléchi.

D’ailleurs dans toutes les cultures humaines où le tatouage a été pratiqué, c’était un art qui touchait au sacré.

Bien cordialement

Caro Vespera

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