La tenue des couleurs dans la peau

Les couleurs ont parfois la réputation de ne pas bien tenir dans la peau au fil des années. Cette croyance est souvent liée à la qualité médiocre de certaines anciennes encres de tatouages. En effet des rouges qui devenaient roses ou disparaissaient au fil des ans, des bleus qui pâlissaient, etc… ont été observés. Cependant, le tatouage s’étant largement démocratisé et répandu, les marques d’ encres se sont diversifiées et améliorées. La tenue des encres dans la peau tient à mon avis à deux facteurs: la nature même de l’encre, et la peau du tatoué. On invoque aussi souvent le soleil comme principal responsable, qu’en est-il ? Dans cette article je vous fais part de mes observations et réflexions personnelles en tant que professionnelle du tatouage.

La peau, le soleil

L’encre est insérée par l’aiguille dans la couche intermédiaire de la peau, le derme. Ainsi les pigments sont recouverts par l’épiderme, qui contient la mélanine, un pigment naturel que notre corps fabrique pour nous protéger des rayons ultra-violets du soleil. Sans mélanine, notre peau peut être brûlée par le soleil. Il semble donc logique de dire que notre derme (et les pigments qui y sont contenus) sont protégés des ultraviolets. Nous ne sommes donc pas dans le cas de figure d’un tissu, par exemple, laissé tout un été au soleil, qui va être décoloré sous l’action de ses rayons. La théorie du soleil comme source d’effacement des couleurs me parait infondée.

Les pigments et composants des encres

Les encres sont composées principalement de pigments et d’un solvant aqueux. La qualité d’une encre dépend de la qualité de ses composants. En général le solvant est fait d’eau distillée et d’alcool isopropyle, parfois de glycérine et d’eau d’ hamamélis. Les pigments utilisés aujourd’hui sont des pigments cosmétiques d’origine minérale exclusivement, afin d’éviter tout risque de réaction allergique, et numérotés selon une nomenclature officielle internationale. Le noir par exemple est du carbone classé sous le numéro CI#77266. Les anciennes encres, utilisées il y a plusieurs décennies pouvaient contenir des pigments d’origine organique, ce qui entraînait automatiquement une réponse du corps qui petit à petit par l’intermédiaire des lymphocytes éliminait ces particules étrangères. Les particules minérales sont beaucoup moins ciblées par le système immunitaire, et donc bien tolérées. Je pense donc que ce n’est pas le soleil, mais la qualité des encres qui va jouer dans leur bonne tenue dans la peau.

L’état général de santé de la personne

J’ai pu personnellement observer un client qui a eu des soucis de santé de type bactérien, avec nécessité de grosses prises d’anti-biotiques, peu de temps après la réalisation d’un tatouage. Il a vu ses couleurs vieillir prématurément et très rapidement (en quelques semaines). Comme si les couleurs avaient été « digérées » par son métabolisme. Après son rétablissement, j’ai du entreprendre de grosses retouches sur son tatouage qui ensuite n’a plus bougé. Cette observation semble bien confirmer que la première cause de disparition des pigments est bel et bien la réaction du corps aux pigments eux-même. Ce qui compte donc es la qualité des encres et noter santé générale.

 

 

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